La Jalousie Aveugle un Coeur {6}



Les bruits des machines d’entrainements reprenaient leurs petits bruits infernaux, des petits sqit sqit, des clics-clics ou bien, encore Vrrrr-Vrrr s’amplifiaient sous le préau et malgré le brouhaha, Jason pouvait sentir des regards poser encore sur eux, comme s’ils attendaient un retournement de situation. Jason observait un cout instant le mégot qu’il venait d’écraser sous son talon avant de reporter son attention vers Tomas qui sortait une cigarette de la poche de sa combinaison pour ensuite l’allumer dans un grésillement de briquet. Par la suite, il détourna les yeux vers la cours extérieurs pour s’intéresser l’espace de quelques minutes au match de basket tandis qu’il pouvait sentir le regard de Tomas sur lui, il le scrutait de ses pupilles noirâtres et profondes. Jason ne savait pas comment l’expliquer, mais son futur soumis se démarquait des autres, ses gestes étaient sereins, il se mouvait avec une élégance féline, il aimait le timbre de sa voix, sa façon de s’exprimer, et son odeur qui était la saveur d’un fruit défendu, un agrume qui ressemblait trait pour trait à la pire des drogues.

Jason se pencha un peu en avant et dans son mouvement, son regard croisa celui de Tomas et il ne put s’empêcher de lui sourire. Un sourire qui lui promettait des baisers qui l’emporteraient dans une ivresse brûlante. Le second des B.T s’imaginait déjà les sensations dévastatrices que pouvaient lui infliger sa bouche contre la sienne et de sa langue de plus en plus exigeante. Il pouvait sentir des vibrations s’intensifiaient le long de sa colonne vertébrale tandis que ses doigts se crispaient violemment sur ses genoux froissant le pantalon de son uniforme. A ce moment-là, Tomas se redressa du banc et Jason profita de cet instant pour mater son dos, ainsi que ses fesses et ses jambes. Il copia le mouvement et il se leva lentement le suivant de très près, le bout de ses chaussures tapaient parfois le talon de Tomas qui s’avançait vers le banc dissimulé derrière un pilier.

D’un simple regard et d’un bref mouvement de mains, il indiqua à deux recrues de surveiller l’endroit et d’interdire l’accès afin de ne pas être dérangé. Puis, Jason reporta son attention vers Tomas qui s’était installé sur le banc, sa tête étaient levée vers lui. Le B.T le dominait de toute sa hauteur et il fit un pas sur le côté pour lui offrir l’ombre du soleil, créant ainsi un halo de lumière autour de son dos. Il le contempla un long moment, l’écoutant d’une oreille attentive, tout en maudissant cette cigarette qui effleurait ses lèvres. Il fit un pas vers lui, son visage était figé, neutre, comme l’aura d’un meurtrier. D’un geste qui l’aurait voulu plus doux, mais qui s’était révélé brusque, ses doigts s’étaient levés pour effleurer la joue gauche de Tomas avant de venir lui arracher la cigarette qui était retenue au coin de sa bouche.

- Oui, j’ai une question. Dit-il d’une voix très basse, limite dangereuse tout en jetant la clope avec son index vers le mur derrière eux. Une seule question. Il se rapprocha une fois de plus, enveloppant Tomas de ses bras tendus, ses mains cramponnaient sur le dossier du banc, ne laissant aucune échappatoire au détenu. Me fais-tu confiance ? Demanda-t-il tout en sondant un long moment.

Un simple « oui » de la part de Tomas provoquerait le déchainement de sa bouche dominatrice contre celle soumise, suivit par des millions de petites idées toutes aussi salvatrices. Par contre, si ça réponse devait-être négative, ses doigts se crisperaient sur l’accoudoir en bois du banc, il retiendrait très certainement sa respiration avant de s’écarter de Tomas et de lui tourner le dos pour achever cette rencontre, il en serait ainsi la conclusion d’un « non ». Jason ne pouvait pas avoir un soumis qui ne pouvait pas lui faire confiance, il avait souvent entendu que la confiance était quelques choses qui devait se gagner, mais pour le B.T, il en était tout autre. Il pouvait offrir sa confiance à un inconnu, mais à une seule fausse note, il l’aurait perdu et cela à jamais.

- Quelle est ta réponse ? Insista-t-il, tandis que ses pupilles enflammées scrutaient encore celles adverses, d’une couleur obscures et indéchiffrables dans l’attente d’une réponse.