De nouveau assis
sur le banc en bois, dissimulé derrière les deux piliers du préau, j'observais
Jason. Quelque chose en moi me disait qu'il semblait être tendu, méfiant
peut-être, mais à cause de quoi . Je l’ignorais. J'avais l'impression moi aussi
d'être tout aussi tendu que lui, comme suspendu à ses lèvres, à cette question
qu'il allait me poser. Est-ce que j'allais pouvoir lui répondre ? Serait-ce
d'ailleurs, une réponse satisfaisante d'après lui ? Cet homme m’obsédait et me
fascinait à la fois depuis notre première rencontre et aussi surprenant que
cela puisse être, l'idée de le décevoir faisait surgir en moi une drôle de
sensation. Inconnue et déroutante, mais dévorante. Serais-je seulement capable
de le satisfaire ? De répondre à ses désirs, ses envies ? Après tout,
j'ignorais tout du chemin obscur dans lequel il souhaitait m’entraîner.
Seulement, le souvenir de cette fois-là, dans la cour, m'émoustillait encore,
me laissant une érection cuisante à chaque réveil.
Ainsi, dans la lumière du soleil, Jason, ressemblait à une apparition divine. Ce constat m'aurait fait sourire si sa main n'avait pas esquissé un mouvement vers moi, pour m'ôter ma cigarette, laissant ma bouche bien solitaire, d'un coup. Immobile, les yeux plongés dans les siens, le souffle irrégulier malgré moi, je l'observe poser ses mains de part et d'autre du banc, m'enfermant entre ceux-ci. Mon cœur s'affole, ma main sur ma cuisse se crispe un instant, comme pour m'obliger à garder un certain contrôle lorsqu'il se penche vers mon visage. Sa question me déroute un instant et pour autant, je ne rompe pas le contact visuel entre nous. Je devais sans doute m'attendre à tout autre chose, pour que sa question laisse en moi un gout de soulagement... seulement... est-ce que je lui faisais vraiment confiance ? Je ne me souviens pas avoir une fois douté en sa présence, à ses paroles ou à ses ordres. Dois-je seulement en conclure, que je lui fais déjà confiance ? Je me rends compte, soudainement, que oui, je lui fais confiance. Depuis un moment d'ailleurs. Depuis le moment où j'ai accepté son offre, m'obligeant à lui laisser tout droit sur moi. Je n'aurais jamais pu m'abandonner à quelqu'un ainsi, sans lui accorder ma confiance. Je l'entends alors réitérer sa question et la mienne fuse aussitôt, ferme, sans la moindre trace d'hésitation.
- " Oui. " Claqua ma voix teintée d'assurance, tandis que je l'observe toujours, sentant la chaleur de ses bras taquiner mes épaules... " Et tu n'as pas intérêt à la perdre, si tu tiens à ton ... soumis. " Murmurais-je, tandis que le dernier mot finit presque imprononcé sur mes lèvres.
Le temps
semblait s'être arrêté un moment, si bien que je ne sais pas combien de temps
je suis resté là à l'observer, ses bras autour de moi. Il est si beau. Une
beauté brute, animal presque mais très agréable à regarder. Il a du charisme et
à la fois un air nonchalant que j'ai découvert lors de mon duel avec Randy.
Pourtant Jason est loin de manquer de sex-appeal, bien au contraire, j'ai
l'impression qu'il en déborde même ! Au point parfois de me laisser sans voix,
ou à bout de souffle par un simple de ses regards. Mais comment ne pas céder ?!
Ses yeux couleur volcan sont d'un attrait incroyable. Ils m'embrasent
entièrement comme si la lave s'écoulait en moi, brûlant tout sur son passage
pour laisser la marque indélébile du passage du Black Tears. Comment fait-il
pour susciter en moi un tel intérêt, en si peu de temps ?! Est-ce seulement de
la curiosité à son égard ? Je me sais attiré par lui, j'en prends pleinement
conscience, mais jamais encore, cette attirance n'avait été aussi forte et
viscérale. Même avec une autre personne. J'en déglutis un moment, la bouche
sèche, alors, que je croise les jambes pour me donner un brin de contenance,
frôlant involontairement, l'intérieur de la cuisse de Jason, dans ma manœuvre.
- " Et maintenant ? " soufflais-je du bout des lèvres. " Vas-tu enfin faire ce que tu as dit plus tôt, où vais-je devoir attendre, frustré, de sentir ta bouche sur moi ? " Lançais-je, calme bien que ma voix basse aux nuances suaves, trahissait sans doute l'impatience de ma supplique.
Je mourrais en vérité de connaitre ses mystères, de voir où il comptait m'entraîner. Jason ne semblait pas intimidé par le fait que d'autres détenus pourraient nous voir et à dire vrai, pour ma part, ça m'était égal. D'une certaine manière ça mettait du piment, comme lorsqu'il m'avait sauvagement pris contre l'arbre. Le bruit des machines camouflerait sans doute nos soupires, mais certains voudront très certainement se rincer l'oeil. Après le baiser que Jason m'avait donné un peu plus tôt et qui m'avait rendu pantelant, je ne doutais pas une seconde que certains détenus voudront continuer de savoir comment les choses évoluent derrière les deux piliers. Les deux hommes qui bloquent le passage seront-ils vraiment à la hauteur pour éviter toutes interruptions ? Je plaçais volontiers ma confiance en Jason, s'ils les avaient choisis, c'est qu'ils étaient à la hauteur de leur tâche.
Un coup contre les piliers, de l'autre côté de ceux-ci me fit rompre le contact visuel avec Ravana, alors qu'une voix inconnue s'élevait des l'air.
- " Alors Ravana, il est serré Miller ?! "
Bordel de merde !!
