Fiche Détenu - Craig Brishman



ÉTAT CIVIL

Nom : Brishman
Prénom : Craig
Age : 42 ans

CASIER JUDICIAIRE

Raison de l'incarcération : Braquage de banque / casino et meurtre.
Durée de la peine : Perpétuité.
Incarcéré depuis : Quinze ans. Craig a déjà purgé neuf ans de sa peine dans la prison de San Quentin en Californie, avant d’être transféré à St-James au moment de l’ouverture. Il y passe six ans et débute donc sa seizième année de détention.
Antécédents judiciaires :
    • Trafique de drogue : écope d’un an de prison dont six mois fermes.
    • Escroquerie : écope de trois mois fermes.
    • Usage de force conte un agent de police : écope d’une nuit au poste, acquitté pour légitime défense.
Appartenance à un réseau : Second des Alpha
Troubles notoires depuis le début de l’incarcération : Violence, plusieurs séjours en isolement, insubordination, une première tentative d’évasion qui a échouée.



DOSSIER MÉDICAL

État physique :
Taille
Un mètre quatre-vingt-dix.
Poids
Quatre-vingt sept kilogrammes

De ce que je m’en souviens, Craig a toujours eu un physique impressionnant, qui pousse au respect et à l’admiration. Je l’ai connu vers ses dix-huit ans et pourtant déjà à cette époque, il avait tout d’un homme imposant, difficile d’approche et menaçant. Néanmoins, j’étais certaine qu’au-delà de cette apparence rustre et sauvage, se cachait autre chose. Je n’avais pas tort. Après tout, nous ne serions pas ensemble si ce n’était pas le cas, n’est-ce pas ? Déjà a cet âge-là, il était redouté par tous, pour la force brute qu’il avait su acquérir par des années de calvaire et d’errance. Si je me base aussi sur ce qu’il m’en a raconté, il voulait devenir fort et respectable par tous, pour ne jamais connaitre l’enfer de son enfance et ne jamais avoir à se comporter comme son père l’avait fait envers sa mère. Je pense sincèrement que cette époque l’a beaucoup marqué et qu’il en a gardé un gout amertume et de rancune. Craig n’a jamais réellement accepté le rejet de sa mère alors qu’il lui donnait tout et s’escrimait à la protéger.
Dans un sens, j’imagine qu’il voulait se sentir invincible pour ne jamais avoir à revivre de telle épreuve ou les faire subir à quelqu’un de son entourage.

Graig est une belle bête en soit.
Il a du charisme, une classe naturelle et ce petit plus qui fait qu’il attire l’œil malgré lui. C’est un homme dans toute sa splendeur. Proportionné et équilibré, il s’entretient régulièrement pour parfaire son corps et entretenir sa musculature. Pour lui c’est aussi une arme de dissuasion, comme les meilleurs des boucliers face à la vermine des pénitenciers. Car tout le monde sait que l’homme le plus frêle entre deux barreaux, peut rapidement se retrouver être attaché et offert dans les douches. Même si je connais sa force, son courage et sa technique, je connais également de lui, son impulsivité qui l’entraine bien souvent dans des conflits qu’il aurait pourtant su éviter. Comment ne pas s’inquiéter quand l’homme que l’on aime est si loin de soi.

Sa démarche parfois écrasante, lui donne une impression de masse, dont l’aura qu’il dégage, n’incite pas à l’approche. Graig est sans nul doute un Apollon ! Son regard pénétrant, d’une sublime couleur émeraude, sait captiver l’attention et surtout la retenir. Je l’ai connu avec bon nombre d’expression tendre et malicieuse, parfois un brin nostalgique, mais je ne doute pas un instant que d’autres, l’a connu avec un regard bien plus tranchant. Il sait parfaitement utiliser son physique comme une arme de dissuasion, comme pour se faire comprendre d’un seul coup d’œil. Ses yeux sont rehaussés d’une ligne d’un blond naturel, que sont ses sourcils. L’un d’eux fut d’ailleurs entaillé lors d’un combat de rue auquel j’avais assisté, car les circonstances l’exigeaient. Ses cheveux, coupé court, et généralement coiffé en brosse, sont tout aussi blonds que la ligne de ces sourcils. J’aime y glisser mes doigts, les agripper aussi, lorsque nous … Enfin... Vous comprenez. Sa crinière contraste parfaitement avec le teint basané de sa peau. Celle d’un homme du soleil. Elle est cuivrée, brunâtre presque et toujours chaude. Simplement envoutante par son odeur musquée !

La peau de Craig est d’ailleurs marqué par de nombreux tatouages, qu’il a fait aussi bien pendant sa jeunesse, qu’après notre rencontre, ou encore, pendant sa condamnation. J’ignore si je devrais tout énumérer, alors je ne dirais que les principaux. Sans doute le plus visible, reste celui dans son dos, car il est de loin le plus imposant. Il s’agit d’un crâne où deux vipères aillées s’entortillent pour finir la gueule ouverte sur le haut de ses épaules, dans une symétrie parfaite. Juste entre ses deux omoplates, légèrement au-dessus du crâne, il est facile d’y lire le nom du gang auquel il appartient depuis bientôt quatorze ans : Alpha. Les lettres « A », on était cependant remplacés par le symbole associé au nom en lui-même. Sur son bras gauche réside une énorme croix dans un léger rail de lumière, qui se répéter en un motif légèrement diffèrent sur ses deux mains. La seule différence, étant que sur ses mains, un piercing est accroché sur le bas de la croix et relié à une fine gourmette à ses poignets. Toujours sur ses poignets, gisent un tatouage basique, une bande noire. Sur ses phalanges, la même croix ainsi que les lettres « C », « L » et « M ». Pour finir, concernant ses tatouages, on retrouve aussi le long de son flanc gauche, le motif indescriptible d’un tatouage tribal, sur son pectoral une nouvelle croix et deux étoiles pleine, en symétrie sur le creux de ses épaules. Il ne lui reste que la vipère qui s’entortille le long de sa cheville et qui remonte jusqu’à sa hanche droite.
Je vous l’avais dit, c’est un homme plutôt marqué !

Bien sûr, au-delà des nombreux tatouages qui figurent sur le corps de Craig, il a cru bon d’y rajouter des piercings. Deux en symétrie juste à côté de ses étoiles, au niveau des épaules, un sur chaque main afin de relier la croix à la chainette sur ses poignets, mais aussi, un à la langue, quatre à l’oreille droite, dont une barre, deux à l’autre. Sans oublier, un anneau à la commissure de ses lèvres, côté droit et trois au niveau de son sexe... bon Dieu que je les aime ceux-là... c’est certain qu’il n’a pas à se plaindre de ce côté-ci. Jamais de ma vie je n’ai eu autant de plaisir qu’avec Craig … mais shhh ! De ce que je m’en souviens, il n’en avait pas autant avant, mais depuis qu’il a travaillé chez un tatoueur- perceur, autant dire qu’il a développé un certain goût à leurs égards.
Cela ne ternit en rien sa beauté e son charme extrême. Comme on dit, c’est un homme taillé dans le roque, mais qui a aussi ses failles, qu’elles soient physiques comme mentales.

État mental :
Qualités
Loyale, endurant, juste, très bon combattant, posé, papa poule.
Défauts
Impulsif, ronfle, têtu, lunatique, violent, maniaque, impassible.


Ça fait bientôt vingt-quatre ans, que je connais Craig, aussi, je pense être la personne la plus à même de le décrire et de vous parler de lui. Bien sûr, je suis certaine qu’il cache encore une part de mystère en lui qu’il ne m’a jamais dit. Comme la plupart des gens, personne ne se dévoile entièrement, de peur de laisser transparaitre leur fragilité et leur être tout entier. Plus jeune Craig était un jeune homme, casse-cou, violent, insolent aussi, mais qui avait également un bon fonds. Il n’a jamais eu le moindre geste violent à mon encontre, sans doute parce qu’il aurait vu en cela, la même folie qui habitait son père quand il était enfant. Il y a eu des disputes oui, des coups de gueule, mais jamais rien ne durait longtemps. À dire vrai... je savais aussi l’amadouer. Je me souviens des nombreuses fois où il sait emporter et a montré toute la rage et la puissance qu’il pouvait donner dans ses coups, lorsqu’un homme avait voulu m’attaquer. Jamais de ma vie, je ne l’avais vu autant en colère et hors de lui. Jamais.
Dans un sens, c’est grâce à cela, que j’ai compris à quel point il était passionné et déterminé.

Craig est une personne qui a certes fait des mauvais choix dans sa vie, mais il s'est aussi toujours donné à fond dans ce qu’il entreprenait. Que ce soit des jobs précaires qui pouvaient nous permettre de rester encore un mois de plus dans l’appartement dans lequel nous étions, ou simplement de nous nourrir à notre faim. Je revois encore mes parents critiquer mon choix de vouloir rester avec Craig, jamais ils n’avaient eu une parole gentille à son égard. Je leur ai toujours tenue tête, pour moi, il n’y avait pas meilleurs choix, même à l’heure actuelle, même dans la condition où nous sommes aujourd’hui. Je ne regrette rien. Ou peut-être juste le fait qu’il ronfle comme une locomotive !! Il me semble que j’ai remarqué ça à l’une de nos premières sorties, alors que lui et moi, n’étions pas encore ensemble. Un verre de trop et épuisé, il recouvrait presque le fond de musique qui restait de notre soirée. Enfin, je l’aime comme il est. Avec ses défauts et ses qualités. J’accepte tout de lui, absolument tout. À dire vrai je ne comprends pas les gens qui se refuse le bonheur simplement parce que leur personne idéale à quelques défauts qui ne leur plaisent pas. Lorsque l’on aime, on doit accepter la personne dans son entièreté et non de moitié.

Parlons-en, justement de ses qualités et défauts. Il est calme et posé, réfléchi aussi, c’est ce qui fait sa force. Je pense que les nombreuses années difficiles et douloureuses qu’il a vécues l’ont beaucoup aidé à s’assagir. Comme on le dit souvent, avec l’âge viennent la maturité et la sagesse. Craig a toujours été un excellent combattant, il a la force d’un bœuf, la ruse du renard et l’agilité du singe ! Beaucoup d’hommes l’ont surnommée la vipère, pour son agilité et sa vivacité lors des combats de rue. Je ne vais pas le nier, entre ses bras, je me sens en sécurité ! Mais ses bras me manquent, sa voix aussi… C’est un homme loyal, que ce soit sentimentalement, ou bien pour son appartenance aux Alpha. Il respecte leur chef, qui est, d’ailleurs avec le temps, devenu un ami. Un complice, depuis bientôt quatorze ans.
Il est généreux, amusant, parfois complètement étrange voir hors de propos, et ses manières rustres lui donnent l’air d’un homme asocial, qu’il n’est pourtant pas. Il faut juste savoir y faire pour le percer à jour et comprendre qui il est réellement.

Bien entendu… ce n’est pas un ange tout le temps. Je pense le savoir mieux que personne et je ne suis complètement stupide pour savoir que même en prison, il ne reste pas dans son coin à compter les jours qui défilent. Craig est foutrement impulsif et lunatique, ce qui nous a valu bon nombre de disputes. Il peut passer du tout au tout en quelques secondes seulement, ce qui le rend aussi extrêmement dangereux. S’il sort de ses gonds, il attaque et ne lâchera rien. Il est vif d'esprit et dieu merci je sais que cette part de son caractère s'est calmée. Elle est toujours présente, mais de ce qu’il m’en dit dans ses lettres, ou de ce que j’en vois lors de nos heures de visites, il s'est calmé. C’est une véritable mule !! Il n’aime pas avoir tort, ce qui le rend têtu et agaçant ! D’une certaine manière, ça le rend aussi extrêmement drôle ! Il sait qu’il a tort, mais n’ose pas l’avouer et reste buté sur une idée pour ne pas perdre la face alors qu’il ne fait que s’enfoncer davantage. Je l’adore !

Je pense avoir hérité d’une perle malgré tout avec Craig. C’est une vraie fée du logis, la seule chose qu’il ne fait pas, c’est la cuisine, du moins, juste le basique, œuf brouillé, bacon, pancake… Je n’ai jamais eu à me plaindre. J’ai souvent entendu dire de lui, avant qu’il se fasse condamner, qu’il était un homme impassible et dur, sévère et intransigeant à la fois, pourtant, lorsque j’étais avec lui, c’est son sourit qui illuminait mes journées. Il n’avait pas besoin de le dire, il montrait de lui-même son bonheur et sa joie de vivre. Une vie simple et pourtant, diaboliquement compliquée. Quand je suis tombée enceinte, après que Craig ait eu une permission, j’ai cru que tout aller changer. Pourtant, à mon annonce … je m’en souviendrais toujours. À mon annonce, la première chose qu’il m'a dite c’est : « De quelle couleur le berceau ? ». Moins de deux semaines ensuite, c’est dans un colis, qui avait été fouillé par la sécurité de St-James, que je recevais un berceau en bois, rose pâle et fait main.
Depuis, je crois bien que tous les mois, il m’envoie des chaussettes, des gants et autres vêtements pour bébé.
Un vrai papa poule !


BIOGRAPHIE


C’est au début des années soixante-dix, que Craig est né.
Je ne l’ai connu que vers ses dix-huit ans aussi, ce que je vous raconterais de lui avant cette date, ne sera sans doute qu’approximatif, il faudra voir ça directement avec lui si vous voulez plus de détails.

C’est en Californie, à San Francisco pour être exact, que Craig a vu le jour. Il est l’ainé d’une famille de quatre autres enfants, une tribu que de ptits gars ! Autant vous dire que sa mère et son père ont eu beaucoup à faire avec eux. Lui-même ignore si ses frères ont suivi ses traces ou bien, s’ils ont préféré rester proches de leurs parents dans un quartier misérable et où black, rime avec délinquant. On ne va pas mentir, Craig a passé la majeure partie de son enfance dans le quartier de Bayview, dans le sud-est de la ville, comprenant une population pauvre et majoritairement afro-américaine. Les récents efforts de la municipalité pour y réduire le taux de criminalité n'ont eu guère de succès. Hélas. Autant vous dire, qu’il baignait déjà dans un contexte délicat et qui ne l’a sans doute pas aidé à se sortir de cette catégorie dans laquelle toutes les personnes vivantes ici, était catalogués. Chaque fois que je voulais lui parler de ses parents ou bien de la relation qu’il entretenait avec eux, je sentais qu’il se braquait et je devinais en ses gestes, qu’il n’avait pas dû avoir beaucoup de moment agréable enfant. Je lui disais qu’il n’avait aucunement le besoin de me raconter son passé, s’il n’en avait pas la nécessité, je ne tenais nullement à le forcer. Ce qui s'est d’ailleurs vu être plus efficace. Peu de temps ensuite, il s'est ouvert et m’a confié quelques points noirs de son enfance.

C’est ainsi que j’appris que sa mère jonglait entre plusieurs travails, délaissant le foyer et ses enfants, tout comme leur père, trop occupé à se chercher une nouvelle bouteille qu’il viderait en une traite. Comme il me le répète souvent, Craig était le véritable père de ses frères, car aucun de ses parents ne semblait réellement prendre soin d’eux. Ce fut souvent la voisine, une des rares femmes blanches dans ce quartier de San Francisco, qui s’occupa de les materner et de vérifier s’ils se portaient bien en l’absence de leurs parents. Elle appris aussi a Craig à lire et écrire, car les moyens de la famille ne leur permettaient pas d’aller à l’école ou du moins, même inscrit, Craig n’y allait pas préférant garder ses frères à l’abri de la colère de son père. Les seuls cours où il se permettait de se rendre étaient les cours de sport, quand il le trainait pas le soir sur le terrain vague à côté de leur quartier. Son seul moment de répit, ou j’imagine qu’il vidait sa rage et sa colère, encore amer et normalement inconnu des enfants de cet âge. C’est également sur ce même terrain vague, qu’il commença vicieusement à revendre les bouteilles d’alcool de son père, espérant ainsi avoir une soirée plus tranquille et moins destructrice. Craig a dû murir vite et a longtemps trimé sous les paroles acerbes son père, qu’il redoutait, car bon nombre de fois ce ne fut pas des assiettes qu’il se prit sur le crâne mais des coups puissants et bien placés. Déjà enfant, il se rendait compte que les choses chez eux, ne se passaient pas comme dans une véritable maison, dites « normale. ». Les rares fois où sa mère était présente, elle le passait à serrer les dents sous les coups de son mari, qui lui reprochait de ne pas apporter assez d’argent … ce qui d’ailleurs lui aurait sans doute permis de s’acheter une nouvelle bouteille de Jack Daniels, ou bien à hurler dans la chambre à coucher. Bon nombre de fois, Craig a voulu s’interposer et tenter de raisonner sa mère mais rien n’y faisait, jamais les choses changeaient et évoluaient. C’était toujours la même routine, le même chaos et la même angoisse.
J’ignore encore comment une mère peut se laisser ainsi aller à l’abandon, au point que ce soit ses enfants qui s’interposent pour la faire réagir.

C’est ainsi que se passèrent les quinze premières années de sa vie. À trimer sous les coups et les injures, sous les reproches de sa mère et les ordres de son père. Je me doute que cette enfance est loin de celle qui est normalement donnée à un enfant, mais je sais que Craig à tenter de tout faire pour que ses frères aient un minimum d’attention et d’affection. Malheureusement, il était sans doute le seul à le leur offrir. Bientôt, il y eut sans doute cette fois de trop, qui l’obligea à prendre une décision, cruelle, mais sur laquelle il n’est jamais revenu. C’est sans doute les paroles cassantes que sa mère lui a lancées, alors qu’il venait de se prendre coup sur coup pour la protéger une nouvelle fois, qu’il décida de quitter sa famille. Définitivement. « Tu n’es qu’un ingrat ! », avait-elle dit, « Reste à ta place, tu ne comprends rien ! », avait-elle fini. Elle se trompait. Après autant de temps à voir ainsi la même scène, le même vécu, Craig avait parfaitement compris que rien ne changerait et qu’elle ne ferait rien pour les aider à s’éloigner du mal qui rongeait leur famille : leur père. Connaissant l’impulsivité de Craig, j’ignore s’il est parti de chez lui sur un coup de tête ou si son choix a été murement réfléchi, quoi qu’il en soit, aujourd’hui encore, il n’a aucune nouvelle de ses proches, ni même de ses frères. Ils étaient, pour certains, assez grands et intelligents pour suivre son chemin dans l’espoir vain, qu’un jour tout s’arrange.
Cette époque l’a beaucoup marqué et il en garde une rancune profonde teinté d’amertume et de douleur.

C’est donc au même âge qu’il finit par s’en aller, laissant derrière lui les démons de son passé, pour se concentrer uniquement sur l’avenir, qu’il espérait plus rayonnant. Malheureusement, personne ne lui avait dit que la vie… C’était ainsi tous les jours et que rien n’est rose très longtemps. Son passé a fait de lui un jeune homme, un jeune adolescent, violent, rebelle et insoumis. Il m’a beaucoup de fois confiées, que jamais il ne s’abaisserait au niveau de ses parents , qu’il deviendrait fort, non pas pour frapper mais pour protéger.
Pendant trois longues années, Craig a vécu seul dans la rue, ne comptant que sur lui-même pour trouver de quoi se nourrir et se loger. Bien sûr les hivers étaient rudes et bon nombre d'âmes charitables l’ont aidé à ne pas crever comme un chien galeux. Mais seul, rien n’est vraiment facile et faire le mauvais choix ou les mauvaises rencontre, arrivent bien vite. Il a longtemps subi des coups et ses mauvaises rencontres ne faisaient que ressortir la rage de son passé qui le rend intenable. Évidemment, il est humain et Craig mentirait s’il ne m’avait pas dit qu’il c’était pris quelques raclé, mais c’était bien avant qu’il gagne un pari, pour pouvoir s’inscrire dans un club de boxe qui lui a pendant longtemps permis de ce construit le corps qu’il a actuellement. Arriva ensuite le tour des combats de rue, qui lui permit de gagner, argent, réputation, parfois un toit où se loger et une maîtrise du combat impressionnant, alternant entre boxes, catch et un grand n’importe quoi mais toujours en précision. C’est d’ailleurs après un combat de rue qui a dégénéré, que Craig à eu une première nuit au poste, avant de passer neuf mois en prison, dans un centre de détention pour mineurs. Le premier, pour escroquerie, le second pour trafic de drogue.
À ce moment-là, pourtant, il n’avait pas encore connu la réalité des pénitenciers, mais juste l'avant-goût adouci des camps pour mineurs.

C’est à l’approche des années quatre-vingt-dix, que Craig, une fois sortir de prison, décida de se rendre à Los Angeles. Cette ville plus éloigné de là où il avait vécu le rendait sans doute moins sur le qui-vive. De plus je me doutais que l’appel de cette ville célèbre ne pouvait résister à personne. Je crois que même lui ignore vraiment, pourquoi il a décidé que ça serait la ville des anges, mais je ne vais pas être celle qui s’en plaindra. Après tout, s’il n’y était pas venu, jamais nous ne nous serions rencontré.
À cette époque, Craig a seulement dix-huit ans et c’est lors d’une soirée sur la plage, organisé par la ville, que lui et moi, nous rencontrons pour la première fois. Oui, c’est vrai ça fait assez cliché, le bad boy au passé douloureux et la belle prisonnière des convictions de ses parents. Malgré tout c’est notre histoire et je me priverais en rien de remettre à sa place, quiconque la critique. On a beaucoup sympathisé et pour sa première soirée à L.A, je pense que Craig a trouvé un peu de soulagement et de distraction qu’il n’avait pas vraiment connu jusque-là. Il y a fait des rencontres intéressantes, qui lui on d’ailleurs permis de trouver un job, chez un tatoueur-perceurs, afin de compléter la collection qu’il avait déjà gravée sur lui. Nous nous sommes revu plusieurs fois à travers des amis communs, des soirées, ou des combats de rue dans lesquels on le soutenait. Sa réputation d’ailleurs, aussi étrangement que cela puisse paraître, avait fleuri jusqu’ici. Bon nombre de combattant, craignaient la morsure de la Vipère. Malgré tout, même avec nos rencontres, il restait immanquablement le loup solitaire, ne comptant que sur lui-même, pour obtenir ce qu’il désirait. Il était rare, en dehors des combats ou de son job, de le voir accompagner. C’était un homme rustre et solitaire, bourru aussi et incroyablement attendrissant.
Sa seule compagne, m’a-t-il confessé un jour, n’était nul autre que ses pensées.

J’admets mettre longtemps intéresser à Craig, pendant deux longues années, lui et moi, n’avons fait que nous chasser l’un, l’autre. Alors que je l’observais à la dérober sur la baie où nous nous étions vu pour la première fois, lui me protégeait sans jamais faiblir. Pendant deux longues années, ce ne fut que passion dévorante et une frustration extrême, car ni lui, ni moi, n’osions vraiment se rapprocher l’un de l’autre. Sans doute avait-il peur d’avoir une attache alors que je devinais ses trafics et son influence croissante auprès d’hommes peu recommandable de Los Angeles. Finalement, après deux années d’incertitude et de retenue, il se décida à braver les foudres de mes parents et me donner enfin, l’étreinte amoureuse que j’attendais depuis si longtemps. J’eut le plaisir de pouvoir enfin enlacer sa peau chaude et ferme qui me faisait vibrer depuis bien longtemps déjà. Bien sûr, il y a eu bon nombre de difficultés, comme le conflit qui m’opposa à mes parents, qui refusèrent obstinément que je sorte avec « un délinquant, troué et grossier. ». je ne vais pas nier que ses airs rustres et durs d’approche ne faciliter en rien le contact avec mes parents ou n’importe qui d’autre. Ils avaient toujours été remplis de préjugés, ne s’attachant qu’aux apparences pour fonder leurs jugements. Autant vous dire qu’il était délicat pour Craig de se faire une place dans un foyer où l’on ne voulait pas de lui. Ce fut rude. Il s’emporte certes, mais ne pense jamais ce qu’il dit, car il sait aussi mieux que quiconque, que les paroles sont parfois bien plus tranchantes que les coups.
Ça fait maintenant sept ans que je connais Craig et cinq que nous sommes ensemble. Avec quelques déboires, nous avons fini par trouver de quoi nous logés mais même a deux, L.À reste hors de prix. Qu’import, j’ai tout ce que je veux …Craig lui, enchaîne entre son job chez le tatoueur, son trafic de drogue quand il arrive à les négocier sur ses combats de rue, et son second emploi. La vie est plutôt difficile mais tous les moments partagés sont de l’or, car une véritable complicité est née. J’ai rapidement appris à apprécier la vie avec lui, car contrairement à d'autres, j’ai découvert qu’il était loin d’être désordonné. Ça m'a surpris les premières fois, quand je voyais en rentrant, que l’appartement dans lequel nous étions été propres et rangé. Vraiment, c’est une perle !

J’ignorais encore à ce moment-là, ce qu’il préparait pour nous mettre en dehors au besoin. Ce fut sans doute le plus mauvais choix qu’il prit, mais comment lui en vouloir, quand on connaît les raisons qui l’ont poussé à aller jusqu’à braquer un casino. Même si j’ai longtemps deviné qu’il se préparait quelque chose, jamais il ne m’en a parler, il portait ce fardeau seul sans imaginer un seul instant que j’aurais pu le raisonner pour qu’il ne commette pas une telle folie ! Était-il possible, qu’il m’ait gardé en dehors de ça, pour que même sous interrogatoire, je ne puisse être jugé de complicité ? J’ai tant de question à se juger. Il y avait tant d’autre chemin possible pour éviter un tel choix. La fierté de Craig m’aurait sans doute interdit de demander à mes parents une quelconque aide financière… quant à retourner chez eux … Non, il était hors de question que je retourne chez mes parents qui n’auraient nullement apprécié que j’y traine Craig... D’ailleurs, même lui aurait préféré passé tous les soirs sur la plage que de devoir courber l’échine face à mon père. À chacune de leur rencontre quelle soit voulue ou non, il était pourtant hilarant de les voir se juger l’un, l’autre, comme un duel acharné.
Le père inquiet pour sa fille et l’homme prêt a tout pour la fille.

À vingt-sept ans, je découvre ce que Craig a l’intention de faire et tente de le raisonner. Il m’écoute, me rassure, mais rien n’y fait. Un dernier baiser, effleure mes lèvres et je le sais déjà. Tout changera.
La même nuit, cette même nuit d’angoisse, Craig est arrêté et conduit dans un commissariat où il passera la nuit, jusqu’à son procès. Interdit de visite, j’ai beau vouloir le voir, on me refuse à lui. J’ignore ce qu’il peut ressentir en ce moment présent. De l’angoisse ? De la frustration ? De la colère ? J’aurais tant voulu le prendre dans mes bras …
Dans la salle du tribunal, les mains crispées sur les cuisses, je le fixe sans relâche et croise son regard, qu’il garde accroché au mien tout le long de l’audience. Même lorsqu’il passe à la barre. Est-ce un point de détresse que je perçois ? Je me sens mal, et les veines gonflées sur ses bras et ses tempes me disent que lui aussi est à bout de nerfs et fatigué. Le calme qui s’installe presque dans le palais de justice peut avait que les jurés rendent leurs verdicts me fait passer au calme avant la tempête. Ce court instant où tout est coupé du monde, où on a l’impression que tout marche aux ralenti autour de soi. Ça paraît apaisant, pourtant cette boule dans ma gorge et mes entrailles nouées en un nœud parfait, me font comprendre que rien n’est terminé… et que la tempête ne fait qu’approcher.
Les preuves sont accablantes et même en plaidant coupable, la sentence ne sera pas allégée. En cet instant, je sais que je ne le rêverais plus... et je souffre déjà de cette séparation trop brutale. Lui aussi... le connaissant, je sais qu’il a énormément eu du mal à se remettre de cette épreuve.

Le verdict tombe :

- « Pour le chef d’accusation numéro 4596, tentative de braquage à main armée, les jurés vous ont déclarés, coupable. Pour le chef d’accusation numéro 4597, homicide involonire, les jurés vous ont déclarés, coupable. Vous serez donc incarcéré à la prison de San Quentin en Californie où vous serez amené à passer le reste de votre condamnation. », La voix impartiale du juge, résonna pendant de longues années au plus profond de mon être. Attisant ma douleur de voir s’éloigner l’homme que j’aimais.

Pendant les neuf premières années de sa vie carcérale, Craig découvrit un enfer, qu’il ne connaissait pas et auquel il dût s’habituer pour survivre. J’imagine déjà le poids de la solitude qui l’envahissait de nouveau, lui qui avait appris à s’ouvrir ne serait-ce qu’un peu.
Rapidement il comprit, qu’il fallait mieux éviter de rester seul et de s’allier à un gang, si l’on ne voulait pas se retrouver à être la proie de ses chasseurs. Car bien nombreuses, furent les fois où il m’écrivait, qu’aujourd’hui encore plusieurs viols avaient eu lieu à San Quentin. C’était ainsi partout, dans tous les pénitenciers et ce n’était qu’une angoisse de plus. Sa fierté et son ego seraient sans doute douloureusement brisés s’il en venait un jour à se faire prendre. Craig intégra le gang des Alpha présent à la prison où il avait été si gracieusement assigné, devant ses qualités et son tempérament, il passa bien rapidement au grade de second. C’est d’ailleurs dans cette même prison qu’il fit la connaissance d’un monstre black. Un homme de deux mètres passé et dont la musculature et la carrure n’était plus à faire. C’était une véritable masse, membre du gang également, qui deviendrait avec le temps un homme important et le pilier des Alpha. Raven Omaho. Il était plus jeune que Craig pourtant la prison, il connaissait depuis bien longtemps. J’eus beaucoup de lettre de Craig, il m’expliquait ses journées, ses rencontres, m’informaient toujours de ses sentiments et son manque. Ça me touchait... et la vie sans lui n’avait plus la même saveur. On correspondait souvent, le plus souvent possible à dire vrai. Je lui ai envoyé d’ailleurs dans l’une de mes premières lettres, un chapelé en argent chromé, dont le centre de la croix était incrusté de citrine dorée. C’était un bijou que je lui avais offert bien avant sa condamnation. Je n’avais pas besoin de lui demander pourquoi, il me l’avait réclamé. Je le devinais.
Le temps devenait long et malgré tout, l’attachement que nous avions l’un pour l’autre ne faiblissait pas.
Vers les trente et un ans de Craig, pour bonne conduite, Craig eut une permission. C’est donc muni d’un bracelet électronique, qu’il put sortir de San Quentin pendant une journée. Il ne m’en avait pas fallu plus pour l’attendre à sa sortie et le retrouver. J’avais trouvé ses traits tirés et fatigués, mais pourtant son sourire à mon encontre n’avait nullement changé et exprimait encore toute la violence des sentiments qui nous liait l’un à l’autre. Cette nuit-là, dans l’une des petites résidences de San Quentin, Craig me fit l’amour, plusieurs fois... C’était simplement comme si nous redécouvrions le corps l’un de l’autre. Une union charnelle complètement parfaite. Passionné et bouleversante.

Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque deux mois plus tard… rien. Je n’avais plus rien… Ni mal au dos, ni mal au sein, ni règle ! La languette vira au bleu, affichant les lettres que je redoutais de lui annoncer. « Enceinte ». Mon cœur ne fit qu’un tour, tout comme au moment où il me donna sa réponse. Je crois qu’il n’aurait pas fallu grand-chose de plus pour avoir un bonheur complet, si ce n’est celui de savoir son homme avec soi, loin de la détention.

*
***
*
À l'heure d’aujourd’hui, Craig a était transféré dans l’État du Texas, dans la prison de St-James, sur ordre du chef des Alpha, pour tenir en laisse les membres du gang envoyé là-bas. Chose qu’il fit d’une main de maître. J’eus beaucoup de ses lettres et régulièrement, auxquelles je lui répondais en lui envoyant une photo de Madison, où ses derniers dessins plus semblables à des gribouillis mais qui j’en étais sûr, lui donnait du baume au cœur. Il en avait besoin, car vivre loin de sa femme, même si nous n’étions pas mariés, et de sa fille, ne devait vraiment pas être facile. Ça fait maintenant, quatorze ans, que Craig est le second des Alpha, assistant à bon nombre d'évènements internes au gang, comme la chute du Chef remplacé depuis un an, par une très vieille connaissance : Raven.
À présent, seul l’avenir, nous racontera la fin de l’histoire…