La Jalousie Aveugle un Coeur {4}



Le bout de sa langue s’attardait sur le contour de sa propre bouche, s’humidifiant lentement ses lèvres gercées, tandis que son regard s’attardait quelques centimètres au-dessus du menton de Tomas. Jason désirait l’embrasser, sentir sa bouche se plaquer fermement contre la sienne, sentir sa langue soumise, et se laisser conquérir par sa volonté. Sa main se crispait sur le rebord du banc, celle-ci souhaitait attraper le creux de sa nuque et de le maintenir contre lui pour assouvir toutes ses pensées lubriques. Cependant, il continuait à se contenter de son épaule se frôlant à la sienne, délicieuse sensation qui lui offrait des petits picotements le long du bras. Ses pupilles vermeilles remontèrent vers les joues rougissantes de Tomas avant de plonger son regard dans le sien et d’attendre la réponse à sa question. Jason pouvait mettre toutes les chances de son côté mais pour cela, il devait procéder lentement, par étapes, pour comprendre et analyser les hésitations qui pouvaient s’insinuer dans cette future relation. Il se surprenait à désirer autant cet homme, pourtant il y en avait beaucoup de gars à Saint-James qui s’agenouilleraient devant lui, ne souhaitant qu’être dompter de ses mains. Cependant, Tomas avait su capter son attention d’une façon naturelle : d’un premier regard, d’un frôlement de doigts, et peu à peu, l’attrait de vouloir le toucher était de plus en plus pressant... Jusqu'à cette première fois derrière un tronc d'arbre et l'envie de recommencer s'en était décuplé.

Dès que la voix de Tomas vint tinter dans ses oreilles, il détourna le regard pour visualiser la cours extérieur afin de s’échapper de ses prunelles sombre et de ne pas couler dans leurs abîmes. Il pouvait sentir son souffle chaud contre sa gorge, il déglutissait lentement, appréciant cette sensation saisissante. Même si son corps détaillait toutes les perceptions de ce rapprochement, Jason l’écoutait, absorbant chacun de ses mots afin de situer sa position. Son choix se portait sans-doute vers un « non » que vers un « oui », ou peut-être le contraire ? Sa mâchoire se contracta, grinçant des dents l’espace d’une seconde et il resta silencieux. Il fouilla dans la poche de son uniforme pour se saisir de son paquet de clope, il ne lui restait plus que trois cigarettes. Il en choisit une, l’alluma à l’aide de son zippo gris-métallisé et tira une longue bouffée. Il contempla un instant son briquet, le nom des B.T était inscrit dessus, son pouce glissa sur la gravure avant de tout ranger dans sa poche.

De quel côté ton cœur balance ? Demanda-t-il après ce court mutisme. Jason avait hésité à poser cette question, il craignait la réponse suivit de son désenchantement.

Il fixait sa cigarette qui se consumait doucement avant d’inhaler une autre gorgée de nicotine vers le chemin de ses poumons. Son visage dévia lentement vers Tomas, dans son mouvement son épaule s’appuya que d’avantage à la sienne pour lentement sentir des milliers de fourmillements jusqu’à sa nuque descendre le long de sa colonne vertébrale. Jason le dévisagea un instant reformulant sa question dans sa tête : «Est-ce que tu as, ou auras d'autres soumis, si je dis "oui " ? ». Les traits de son visages de déformèrent lentement pour dessiner un sourire qui n’avait absolument rien de charmant, mais qui inspirait le contraire, un sourire presque repoussant. Il amena sa cigarette vers le coin de sa bouche, inspirant une petite taffe avant de répandre la fumée, onctueusement, sur la bouche de Tomas. C’était une sensation électrisante, la douceur d’un baiser tiède et malheureusement abstrait.

- Je ne prends jamais plusieurs soumis en même temps. Il sourit légèrement, déformant le bas de son visage. Ton éducation me prendra beaucoup de mon temps et… Je n’aime pas être surmené. Ses yeux étaient plantés dans les siens et n’avaient pas pu s’empêcher de contempler la bouche de son vis-à-vis voulant récupérer la saveur de sa cigarette sur ses lèvres.

En ce moment, Jason se retenait beaucoup, il essayait de garder le contrôle, mais il n’était pas un homme qui avait des manières et même dans ses efforts, il lui arrivait de lâcher prise. Le second des B.T se tourna vers Tomas, de sa main libre il lui agrippa la gorge, enroulant ses doigts autour de son cou pour tirer son visage sur le sien. La tête légère en biais, il plaqua impitoyable sa bouche sur la sienne, ne lui laissant aucune alternative. Il l’embrassa. Ses lèvres étaient voraces, fauves mais la pression de sa langue était douce et ce baiser en était mordant. Jason rugit ne voulant pas rompre le contact, il approfondit que d’avantage le mélange exaltant de cette accolade…
Jusqu’à entendre des sifflements autour d’eux. Jason avait oublié qu’il se trouvait sous le préau, il avait chassé de son esprit les autres détenus autour d’eux et car il n’y avait que Tomas qui captait toute son attention. Il rompit le baiser, rouvrit doucement les yeux sur le visage adverse avant de fixer les types qui se trouvait dans le coin. L’expression de son regard était éloquente : la ferme ou je vous défonce avec un colt dans le cul ! Il se dégagea lentement, retirant sa main autour de son cou et s’assit normalement sur le banc pour ensuite tirer rageusement sur sa cigarette fixant le ciel bleu au loin.

- Veux-tu que l’on discute dans un endroit discret ? Demanda-t-il en lui indiquant du menton, le banc qui se trouvait derrière deux gros poteaux presque accolés l’un à l’autre. Jason se fichait des regards des autres, mais il souhaitait que cet accord prenne forme. Si Tomas avait besoin de calme, d’un endroit éloigné aux yeux des autres détenus, il pouvait demander à ses subalternes d’interdire l’accès de cet emplacement. Si tu as d’autres questions, il nous sera plus à l’aise d’en discuter. Ajouta-t-il d’une voix basse mais pourtant emplit de virilité avant de tirer sur la dernière ligne droite de sa clope.

Le mégot tomba sur le sol près de sa chaussure, il l’écrasa sous sa semelle. Le mouvement de son pied était lent et son talon cognait celui de Tomas. Jason se pinça les lèvres pour ne former qu’une fine fente presque invisible avant de passer sa main dans ses cheveux les hérissant que d’avantage sur son crâne.

- Et ça me permettra de continuer à t’embrasser sans entendre des sifflements lourdaud derrière mon dos. Ajouta-t-il plaquant ses deux mains derrière lui, accrochées au rebord du banc, le buste légèrement incliné en arrière, Et lécher les gouttes de transpirations qui glissent le long de cette veine au milieu de ta gorge..

Le regard en coin, il fixait le profil de Tomas.