Back To The Futur {1}



Je n’avais pas dormi, cette nuit-là. Seul, son souvenir, présent et lancinant me revenait avec force, comme un appel, une volonté si grisante de la voir. C’était pourtant pour bientôt et je devinais que seul l’impatience pouvait me mettre dans un tel état.

Quand les grilles s’ouvrirent enfin, ce fut avec des cernes visibles et gagnés par une fatigue puissante, que je m’extirpais des draps, dans un soupiré las voir routinier. La sensation de la pierre froide sous mes pieds, m’électrisa le corps et je fus alors gagnée par un frison, tandis que je peinais à m’habiller. J’entendais déjà certains détenus se lever et marcher dans les couloirs, prêt à subir l’appel routinier de notre réveil. Je ne devais pas tarder non plus, je ne tenais pas à subir un rappel à l’ordre qui me rendait de mauvaise humeur. Non, pas aujourd’hui... pas le jour où elles venaient toutes les deux. M’étirant, je filais vers le lavabo me passant un coup d’eau sur le visage, tandis que je laissais ouvrir le haut de ma combinaison sur mon tors mât.

Sans un mot de plus, je m’extirpais de la cellule, paquet de cigarettes en poche, pour me mettre dans les rangs, attendant que le gardien m’appelle pour que je puisse enfin filer au réfectoire et savourer la plénitude de cette journée. Poussant les portes battantes du réfectoire, pour le moment encore quasiment vide, je me dirigeais vers les buffets garnis et optai pour un café serré, et quelques toasts à la myrtille. Mes préférés. Prenant place, je dégustais l’ensemble, tranquille rejoint par quelques Alpha, dont j’écoutais les discussions, sans m’en mêler, bien qu’attentif cependant à de nouvelles informations ou erreurs commises de leurs parts. Quelques longues minutes plus tard, j’avais quitté le réfectoire et me dirigeais d’un pas nonchalant vers la cour, pour prendre un peu l’air et savourer une dose de nicotine bien méritée. J’aimais, ce moment de tranquillité à l’extérieur, encore calme, teinté simplement des bruits extérieurs qui faisait miroiter à un semblant de liberté.

M’enfonçant dans la cour, je pris place à un endroit qui semblait être devenu ma propriété. Ce petit coin non loin du grillage, vers la droite de la cour, où un arbre au feuillage charnu offrait un semblant d’ombre bien appréciable l’après-midi quand le soleil texan semblait vouloir réchauffer la terre au point qu’elle puisse prendre feu. Il y avait même un banc, où je m’allongeais de temps à autre, observant le ciel, mais ce matin, c’est en appui sur le tronc d’arbre que je me posais un moment, observant les détenus qui affluaient petit à petit dans la cour, sous la surveillance avisés des gardiens. Un peu plus loin, je vis Raven passer le bras autour du cou d’un nôtre notre. À le voir ainsi murmurer quelques paroles, il donnait l’impression de préparer un mauvais coup, un sourire me gagna, affectueux et désespérer sous les agissements de mon chef.

La matinée passa rapidement et sans que je m’en rende vraiment compte, l’heure des visites était arrivée et c’est alors, d’un pas rapide que je me dirigeais vers les parloirs. Je savais qu’elles seraient là, toutes les deux. Un sourire ma gagna en voyant un peu plus loin, dans la pièce, le visage de mes deux femmes. Sans attendre je m’approchais et regrettais toujours autant c’est vitres transparentes qui empêchait tout contact. C’était frustrant. M’installant sur une chaise, je les observais tout en me saisissant dû combinais de téléphone afin de pouvoir leur parler un peu. Les minutes passèrent et la conversation, aussi anodine fut-elle, me sembla être trop courte. Vraiment trop courte. Bientôt un gardien me fit signe comme quoi il était l’heure et que je devais à mon tour laisser la place à un autre détenu... les aux revoirs était toujours un déchirement... Pas de baiser. Pas de caresse. Pas d’étreinte. Juste un poids continuel est un manque semblable au néant.

De retour dans l’aile B, je décidais de faire un tour dans les ateliers histoire de me changer un peu les idées et de m’occuper jusqu’au soir. Aussi, c’est sans attendre que j’entrais dans l’atelier mécanique, l’un de mes favoris pour pouvoir reprendre la réparation d’un moteur d’une Dolorean, que j’avais commencé quelques semaines plus tôt. Sortant la bête, je la posai sur l’une des tables, outils et gants en main, ignorant les bruits dans les couloirs qui semblaient se rapprocher de l’atelier.